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Fukushima : plus l'eau est prélevée profondément sous l'ex-unité n°. 2, plus elle est radioactive

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Tepco a pour la première fois descendu une sonde de prélèvement directement sous le bâtiment-turbine de l'ex-unité n°. 2 de Fukushima-Daiichi ; il semble - et c'est une vraie mauvaise nouvelle - que plus l'échantillon d'eau est prélevé profondément, plus l'eau contient de la radioactivité. Il est donc probable que soit l'ex-combustible a gravement contaminé les nappes aquifères par le support des colossales injections d'eau effectuées par l'opérateur [1], soit que le combustible a lui-même creusé son chemin en profondeur sous les installations éventrées pour s'installer au sein des nappes phréatiques. Pollution radioactive directe ou indirecte des aquifères, le résultat est le même : 13m sous l'unité n°. 2, l'activité atteint quasiment 1 GBq/l pour le seul radiocésium mais également plus de 500 MBq/l de radioémetteurs Bêta [2].

Un lac souterrain et radioactif sous l'unité n°. 2 ?

Le prélèvement en question a été effectué le 31 juillet en un point situé à 65 m de l'océan Pacifique par l'intermédiaire d'un trou percé dans l'une des canalisations du bâtiment-turbine n°. 2 [3]. Le fait que la radioactivité augmente avec la profondeur relative à laquelle est effectué le prélèvement semble indiquer qu'une masse d'eau d'une épaisseur importante est située directement sous ce point du site car, si le sol était constitué principalement de roche à cet endroit, la radioactivité tendrait naturellement à diminuer avec la profondeur [4].

Ceci nous ramène a cette brève de Russia Today datée du 29 juillet et qui évoquait curieusement "la découverte par Tepco d'un lac souterrain contenant plus de 5000 tonnes d'eau". Nous avons peut-être été inattentifs en cette période estivale mais il ne nous semble pas que cette communication - pourtant cruciale si elle s'avère exacte - ait été suivie de commentaires.

 

01.png(1) 3 fois plus de césium et 1.5 fois plus de Bêta (Sr-90) en profondeur qu'en surface (Tepco)

Tepco doit tout connaître des mystères du combustible et nous... rien

Bon, résumons : Tepco annonce avoir pour la première fois effectué un prélèvement à 13m de profondeur sous le bâtiment-turbine n°. 2 ; le niveau de chlorine [5] qui y est 10 fois supérieur nous permet de supposer qu'à cette profondeur l'eau est nettement plus "salée" qu'en surface, ce qui permet d'avancer l'hypothèse que la communication entre l'eau très radioactive et l'océan est importante et croissante. Comme elle est également très contaminée, il est logique de supposer que l'océan l'est également. Mais ça, Tepco l'avait déjà annoncé - avec 28 mois de retard... Tandis que le dernier compte-rendu de l'IRSN, publié le 10 juillet estimait encore que la majorité des rejets océaniques provenait de la déposition des particules par la voie aérienne [6] ou encore par la charge en radionucléides lors des pluies constatées en avril 2011... Ces officiels perdent décidément toute crédibilité ;)

Vu l'augmentation parabolique des contaminations souterraines, quelque chose d'imprévu est probablement en train de se dérouler

Les officiels - qu'ils soient japonais ou français - devraient pourtant avouer clairement que sur le plan critique de l'eau contaminée, rien ne se déroule comme prévu et que la situation qui devait être - toujours d'après ces mêmes sources - stabilisée depuis belle-lurette ne fait en réalité que s'aggraver. Que se passera-t-il demain ? L'essentiel de la contamination est-elle contenu dans les confinements, comme aime à le préciser à chaque occasion Tepco ou, au contraire, le pire est-il à venir et les relativement "petites" contaminations constatées aujourd'hui [7] poursuivront-elles la progression géométrique qu'elles affichent depuis quelques semaines ?

Les Japonais en "mode panique" ?

Il faut rappeler que le chantier du mur de protection souterrain, dont on nous bat et rebat les oreilles depuis 2 années, aurait du être quasiment terminé par Tepco ; la réalité est toute autre car suite à des problèmes financiers et de ressources de main d’œuvre, les travaux ont progressé nettement moins vite que la contamination. Autrement dit, les Japonais ont une nouvelle fois procrastiné et ils ont essayé de traiter le problème de l'eau contaminée par leur technique habituelle : regarder ailleurs, repousser l’échéance au maximum, investir le minimum d'argent dans le chantier de liquidation. Eh bien, Messieurs, le mur que vous avez refusé de construire hier aurait certainement pu vous simplifier la tâche et vous donner une - petite - marge de manœuvre aujourd'hui !

 (2) Le chantier de l'immense barrage souterrain aurait du
débuter à l'été 2011 pour s'achever en 2014 
(gen4)


Sources : Cesium levels in water under Fukushima No. 1 plant soar the deeper it gets, Tepco reveals (Japan times, 1813) - 950,000,000,000 Bq/m3 of Cs-134/137 from reactor2 seawater trench shaft (Fukushima-diary, 1813) - Fukushima Daiichi Nuclear Power Station Plant Parameters (Tepco, 2813) - Fukushima: un lac souterrain radioactif découvert près de la centrale nucléaire (Ria Novosti, 29713) - Analysis Results of Accumulated Water at Unit 2, 3 Seaside Trench in Fukushima Daiichi
Nuclear Power Station
(Tepco, 1813)

 

Notes :

[1] A ce jour, Tepco injecte dans l'unité n°.2 : 5.4 m3/h soit 130 tonnes d'eau par jour (Tepco)

[2] Principalement du Tritium (H-3) et du Strontium-90

[3] D'après JP Times ; Fukushima-Diary semble quant à lui situer le point de prélèvement plus près du port

[4] La "sorption" ou vitesse de progression verticale des Césium (ou du Strontium-90 qui est assez proche dans le tableau des éléments) est généralement lente, de quelques cm à au plus quelques dizaines de cm par année selon la configuration géologique ; certaines études tendent même à considérer que l'élimination verticale des Césiums est bien inférieure à celle qui été estimée initialement (gen4)

[5] La concentration en chlorine dans l'eau analysée permet d'estimer le degré de "pénétration" de l'eau de mer dans la surface d'eau pure, attendu que les injections initiales d'eau de mer dans les réacteurs ont été très temporaires et que les chlorures contenus dans l'eau de mer (en moyenne 35g/l) sont la seule hypothèse de la chloration de l'eau située sous le site

[6] Le "lessivage particulaire" retombant dans l'océan au fil des précipitations

[7] Le corium, s'il est définitivement perdu, pourrait transférer sa radioactivité lentement, en étant "léché" par l'eau - pour des milliers d'années - ou au contraire perdre son activité beaucoup plus rapidement et de manière soudaine, comme un joint lâche brusquement au niveau d'un robinet qui gouttait modestement - aucune hypothèse n'est en fait exclue et les scientifiques ne l'ignorent pas !


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